Groupe Scouts et Guides de France de Vincennes (Groupe Jacques Deschamps)
Année 2004/2005
Table ronde renue le 5 novembre 2004 dans
la chapelle St Jean Ste Thérèse
sur le thème "scoutisme, guidisme et
handicap"
Le 5 novembre 2004, le territoire du Val de Marne avait invité un certain nombre de personnes pour une soirée débat sur le thème " Scoutisme et handicap ". Les échanges, qui ont porté sur des expériences d'accueil de jeunes handicapés dans des unités du Val de Marne et sur le fonctionnement des camps " Arc-en-ciel " des Scouts de France et sur les opérations "Vent du Large" au sein des Guides de France, ont permis de mieux appréhender les étapes nécessaires à l'admission de jeunes handicapés dans des unités scoutes ou guides.
Cette soirée d'échanges organisée par l'équipe territoriale du Val de Marne des Scouts et Guides de France avait pour objectifs:
* amorcer une prise de conscience, un débat sur le thème
dans les groupes, mais aussi une réflexion à titre personnel
des chefs et des cheftaines,
* identifier tous les enjeux et difficultés de l'accueil d'un jeune handicapé, * identifier les propositions éducatives du mouvement, * proposer des actions envers les handicapés sans que cela passe forcement par l'accueil d'un handicapé dans une unité, * faciliter l'accueil de jeunes handicapés. |
Pour animer cette table ronde, étaient présents:
" Odile et Eric Baumié, responsables du groupe de Vincennes, de l'association " pour adultes et jeunes handicapés 94 " et parents d'un enfant handicapé,
" Jean Destrac, diacre, chargé de mission diocésain pour l'accompagnement des familles d'handicapés,
" Lucien Bonhomme, chef de service d'un CAT, responsable du groupe de Saint Maur-Adamville,
" Philippe Morachini, éducateur spécialisé au service d'éducation spécialisée et soins à domicile de l'association de Défense de la santé mentale, responsable du groupe de Fontenay sous Bois,
" deux membres de l'équipe nationale des Scouts et Guides de France en charge du service "Handicaps", Christian Bernard, Animateur national Arc-en-ciel et Père Edouard Catrice, aumônier Vent du Large.
Plus de soixante personnes ont participé au débat parmi lesquelles, des jeunes chefs et cheftaines, animateurs d'unité ayant accueilli et accueillant un enfant handicapé ainsi que des adolescents ayant effectué leur parcours scout ou guide, participé à des camps en compagnie de jeunes handicapés. Au cours de la soirée, une courte séquence vidéo a illustré l'accueil d'une jeune trisomique dans une unité jeannette (8 à 11 ans) et des passages de la vie d'une unité spécialisée Vent du Large constituée de jeunes femmes adultes déficientes intellectuelles, participant à un camp à Madagascar. La soirée a été riche en témoignages, en questionnements, en réponses proposées et aussi en questions en suspens.
LE HANDICAP : UN MONDE COMPLEXE, DES REPONSES MULTIPLES
Le monde du handicap est un monde complexe dont l'approche ne peut être que multiple. Pour les jeunes handicapés, la proposition scolaire va de l'accueil en établissements spécialisés à l'intégration dans des établissements classiques. La proposition scoute rencontrera la même problématique : l'accueil peut être envisagé par intégration au sein d'une unité ou par la constitution d'unités autonomes et adaptées à chaque catégorie de handicap, sans que ces positions soient définitivement figées. Les enfants pourront passer d'un milieu spécialisé à une intégration et vice et versa en fonction de leur âge et/ou de l'évolution de leur handicap.
L' INTEGRATION : UNE DECISION COLLECTIVE
L'intégration ne va pas de soi et sera progressive : elle exige une préparation sérieuse car tout échec serait traumatisant tant pour l'enfant accueilli, que pour les autres enfants de l'unité et pour la maîtrise. L'accueil d'un handicapé dans une unité ne relève pas du choix du seul responsable de cette unité mais de l'ensemble du groupe et la décision prise engagera le groupe sur le moyen terme même au-delà des structures présentes. L'accueil d'un enfant handicapé dans une unité se fait en fonction de l'âge réel de l'enfant et non de son âge mental supposé. Un enfant accueilli dans une sarabande ou une farandole (6 à 8 ans) passera dans les unités des tranches d'âge successives, jusqu'à sa majorité. Au cours de cette période, les divers responsables, bénévoles prenant un engagement limité dans le temps, auront changé plusieurs fois. L'accueil dans les unités les plus jeunes pose en général peu de problème en ce qui concerne l'intégration par les autres enfants. A partir de 14 ans, l'intégration devient plus complexe et l'accord préalable des jeunes, construit dans le dialogue, se révèlera le plus souvent indispensable.
LA FAMILLE : SES ATTENTES, SES ANXIETES
La demande des parents porte souvent sur l'opportunité d'établissement de relations enfantines (proposition sociale) dans l'espace géographique du domicile de l'enfant et de sa famille, relations souvent rendues inexistantes par le fait que l'enfant fréquente le plus souvent un établissement spécialisé hors de sa commune.
Une difficulté rencontrée lors d'une tentative d'intégration d'un enfant handicapé vient des réactions des familles dont la plupart ont tendance à surprotéger l'enfant. Il faut tenir compte de leur souffrance, de leur anxiété, de leur sentiment de culpabilité face à ce qu'ils considèrent comme un abandon. Un long travail de sécurisation des familles est à mener, dans un climat de dialogue, d'écoute et de confiance. L'établissement de fiches sanitaires complètes et détaillées entre dans le cadre de ces entretiens réguliers. Des parents ayant une longue expérience scoute faciliteront cette intégration, les autres pourront la rendre encore plus difficile.
UN AUTRE REGARD
Quelques recommandations ont été faites aux responsables d'unité confrontés au handicap. Ils ont droit de refuser l'accueil d'un handicapé ou d'un handicapé supplémentaire si cet accueil met en péril le fonctionnement de l'unité. Ils ont droit à l'erreur. Ils n'ont pas à être culpabilisés du handicap de l'enfant ou de la réaction des familles. Ils ne sont ni éducateurs spécialisés, ni médecins, ni psychologues mais des animateurs s'efforçant de pratiquer un scoutisme de qualité. Ils auront à adapter la pédagogie de la tranche d'âge dont ils sont responsables, sans en baisser le niveau qualitatif. Ils auront, au contraire, à saisir l'opportunité de la présence du handicapé pour enrichir les autres enfants de comportements adaptés à la différence, quelle qu'elle soit. Ce qui est important c'est qu'un autre regard soit posé sur le jeune handicapé. Le projet scout vise la progression personnelle de chacun et non celle, collective, de l'équipe ou de l'unité. Une petite acquisition d'autonomie peut se révéler un pas énorme pour l'enfant handicapé.
DES DIFFICULTES, DES JOIES
Des expériences concrètes ont montré les difficultés rencontrées: enfants trop handicapés pour une intégration et pas assez pour un établissement spécialisé, enfant handicapé qui prend prétexte de son handicap pour échapper aux règles de vie et rend son intégration plus difficile. Mais aussi des surprises comme ces adolescents qui, après avoir refusé d'accepter à leur camp, une nouvelle fois, une handicapée au comportement difficile et peu coopératif ont eu la surprise de la découvrir sous un autre jour parce qu'elle avait été mise, un peu par hasard, dans un contexte où elle avait pu développer un aspect inconnu de sa personnalité.
UN IMPERIEUX BESOIN DE FORMATION
Une longue réflexion a été portée sur la nécessité d'une formation qui ne serait pas celle d'éducateur spécialisé mais qui sensibiliserait les animateurs au problème du handicap. Avec, en priorité, des indications formelles sur ce qu'il ne faut pas faire. Les responsables nationaux ont fait savoir qu'il existait des propositions qui restaient mal connues, que de nouvelles propositions étaient à l'étude, que le "Service handicap" du National restait un service- ressources, qu'il avait besoin de connaître la présence d'enfants handicapés dans les unités, recommandait la présence dans chaque territoire de personnes ressources locales et la constitution de réseaux et le partenariat avec des associations locales spécialisées. Le service diocésain a également insisté sur l'importance de la mise en uvre d'une pédagogie adaptée, la création de liens qui évitent le rejet et permet de mieux être et de mieux vivre.
Des documents sur les propositions Arc en Ciel et Vent du large étaient disponibles. Les conversations se sont prolongées autour d'un verre de l'amitié.
Gérard ESCLATTIER Délégué aux Relations Publiques
On trouvera ci-après quelques photos de la réunion
Cette réunion était mentionnée dans le numéro
de Noël 2004 du journal le TransValdeMarne,
journal du territoire du Val de Marne des Scouts et Guides de France
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